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L'iPREUVE DE FLORENCE IOI3

rien sacrifier à rien, d'un pinceau lent, et d'après l'homme — pour créer des figures dignes de l'or céleste et qui concentreront sur elles la lumière du Paradis ! Il n'a pas à forcer l'extase, à résister à sa menue joie d'artisan. Il sait que le Seigneur ne lui demande rien de plus qu'un parfait métier — mais parfait, aisé à force de précision et large à force de scrupule. Il aspire humblement et pas- sionnément à la perfection de fait : quand il y atteint. Dieu se montre.

Si patient travail ressembler si fort à l'illumina- tion du génie !

Si sensuel pinceau nous exalter dans le sens de l'esprit !

Voilà les deux antinomies qu'un si clair chef- d'œuvre enveloppe. Ami, qu'en pense votre temps si dédaigneux du métier, et, dans le métier, du " fini " — et d'autre part, si incapable de pensée ? Ah ! tâchez de l'aimer cet art gracieux et plein de grâce ! Angelico a la grâce deux fois, au sens païen, au sens chrétien du terme. La grâce selon Dieu et les grâces terrestres entrent ensemble en lui, s'y mêlent, ne font qu'un. Son paradis ne renie de Florence ni les beautés adolescentes, ni l'azur vert, ni les jardins et S* François y dépouille la bure : il n'en prie pas avec moins de ferveur.

Certes, si vous mesurez la grandeur d'une œuvre

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