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Page:NRF 8.djvu/112

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I06 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

M™® Frébault poussa un soupir. Chaque fois qu'ils arrivaient à cette heure, c'était la même histoire. M""' Leclerc disait :

— Vous allez prendre le café avec nous ? Et M"^ Frébault de protester :

— Oh ! non, pensez donc, cousine ! Nous n'en avons pas l'habitude. Ça nous empêcherait de dormir.

Frébault ne disait rien : il aimait beaucoup le café, mais c'est une denrée qui coûte cher. Que ne vivait-il dans le Couisslan ! Il ne s'en permettait une tasse qu'à midi, et encore fallait-il qu'il s'en passât les jours où il était dans son champ de Richâteau.

— Allons ! Allons ! Mon oncle va bien en boire une tasse ! disait Leclerc.

    • Mon oncle " ne protestait pas, lui !

— Mélanie, ordonnait M""® Leclerc, faites une tasse de café. Une, ou deux ? Et toi, Louis ?

De nouveau. M™® Frébault intervenait ; Mélanie ne préparait qu'une tasse.

Il y avait là ceux qui ont l'habitude des pays où les routes ne sont point jalonnées de bornes hectométriques autour desquelles des cantonniers soigneux coupent l'herbe. Ils y rencontrent des animaux et des arbres dont on ne se fait pas une idée dans les petites villes, et quelquefois, malgré les progrès de la civilisation, des sauvages tout nus qui savent encore manier la sagaie. Ils affrontent les tem- pêtes sur l'Océan Indien et les orages dans des ravins où les serpents sifflent. Et il y avait ceux qui de père en fils vivaient dans la même maison dont le toit seul changeait, parce que le chaume coûte plus cher que la tuile. A l'intérieur, c'est toujours la grande cheminée, les murs

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