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JULIETTE LA JOLIE I37

D'abord il y avait la Balandreaude et M"' Monchaux qui étaient sorties toutes les deux du pensionnat des Sœurs. Allez donc voir ce qu'elles sont devenues ! Et puis que chacun vive comme il l'entend. Quand même nous l'aurions prévenue, accablée de conseils, gardée à la maison, rien ne nous dit qu'elle ne se serait pas conduite de la même manière. Ils cessèrent de penser à leur détresse pour ne plus s'occuper que d'elle. La Frisée avait raison : l'essentiel était qu'elle ne fût pas morte.

M™* Gallois se leva la première, et poussa doucement la porte de la chambre où Juliette dormait. Mais non : elle ne dormait plus. Elle avait les yeux grands ouverts et regardait devant elle comme une bête effrayée.

— Ma petite fille ! lui dit-elle en l'embrassant. Ne sois plus triste ; ce n'est rien.

Puis Gallois se pencha sur elle pour l'embrasser aussi.

— Liette ! Liette ! Ne te tourmente pas. Avec nous tu n'auras rien à craindre.

Après vinrent François et Léontine. Mais François serrait les poings. Ponceau eût passé un vilain quart d'heure.

Elle avait pensé partir de cette maison. Elle se serait enfuie dans la grande ville inconnue où ce n'étaient pas les plaisirs, mais la misère sans doute, qui l'attendaient. Elle, c'était non pas sa vie mais son rêve qui s'écroulait ; pour la dernière fois peut-être, elle avait pensé, dans sa fièvre, aux grands lys d'argent. Elle ne pouvait plus regretter cet homme : il l'avait trop humiliée et elle était fière. M^' Clément s'était effrayée à tort : elle ne pensait point à se tuer, car elle était forte. Mais il lui en avait coûté de faire cet aveu devant sa mère. Voici qu'ils se

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