RÉFLEXIONS SUR LE ROMAN 24 1
reprochés comme contraires à son principe : "Ainsi se tenait devant ces bourgeois épanouis un demi siècle de servitude", et dans l'épithète au dernier mot de Charles : "C'est la faute de la fatalité " ? Oui. Comme le sculpteur allemand qui se représente écoutant, sous la chaire à prêcher de Fribourg, son œuvre, Flaubert a personnifié sinon lui-même, du moins la méthode objective dont son roman est le fruit, dans le grand médecin qui arrive au dernier moment, près d'Emma, le docteur Larivière. En apparence il est inutile au roman comme il est inutile devant la mort. Il n'ajoute rien à quoi que ce soit de ce que le roman fait vivre. 11 n'y représente aucune valeur d'existence, mais la valeur d'intelligence. Il est dans ce coin du roman l'idéal actif qui fait que le roman existe. Cette calèche, dont le tonnerre rapide roule vers la maison de Bovary sur le pavé d'Yonville, (j'ai encore la phrase et le bruit dans l'oreille) c'est la figure du romancier; la patache du Lion d'Or, la patache de Sisyphe, montant et descendant chaque jour la côte qui relie Yonville aux centres, c'est l'image du roman. Le docteur Larivière n*a fait que passer, Homais seul a le bénéfice de ses consultations, — gratuites, et c'est le ruban rouge d'Homais qui met le point final au roman. Qu'importe 1 Au dessus de ces dernières pages le lecteur a vu l'idéal pour lequel, dans son cabinet de Croisset, sur le manuscrit de sa Bovary, l'argile d'Homais pétrie
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