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340 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

c'est l'admiration que je veux dire. L'admiration est la moralité. Comme on ne le regarde pas au visage, on ne peut guère le définir. Son col est ce qu'il a de plus vivant, peut-être. Le visage est loin d'égaler la splendeur de ce corps si gracieux, si robuste et si jeune. L'immortelle jeunesse des dieux se reconnaît dans cette chair héroïque. Je ne veux plus le voir : car il mourra demain ; il a déjà cessé d'avoir vingt ans ; il commence de mourir. Si ses traits avaient la divine flamme de ses formes, s'il avait les yeux de ses membres, et le front, et la bouche, il faudrait l'adorer. Il est tout muscles, et pourtant il a de la chair : ses cuisses sont si belles qu'aucune œuvre de l'art ne l'emporte sur elles, pour les proportions et le modelé. 11 sort d'Homère et des métopes. Au galbe de ses bras charmants, la force est suspendue ; mais athlète de l'Olympe, il ne combat pas, il danse.

Ce corps est bien au dessus de la perfection. Il est divers comme la vie. Voilà en quoi la perfec- tion n'est pas la beauté : La perfection est l'idée de la beauté : la beauté morte.

La grâce, supérieure à toute perfection. La grâce est justement le don toujours révocable, le présent de l'heure, le souhait de la vie : une perfection passagère, imparfaite sur un point, et plus que parfaite sur l'autre. Je ne voulais pas croire à la grâce de l'homme, ni à Vestris, ni à tout ce que l'on raconte des anciens danseurs, race ambiguë et

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