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342 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

de l'eau, ou la bête chérie, le paysage au crépus- cule, ou l'enfant, ou la femme en son innocence première : il est l'occasion de notre rencontre avec le rêve, le prétexte à notre passion.

Quand il mime, il n'est déjà plus lui-même. Tout ce qu'il veut dire, ne sera jamais si bien dit par ses bras et ses jambes, que par une grande ou douce voix. Il est son propre poëme ; trop inégal, s'il touche aux poëmes de l'esprit. Le mime ne peut émouvoir l'artiste : nous ne sommes pas sourds, nous ne sommes pas muets. Mais la forme vivante, en sa pleine harmonie, est un chef-d'œuvre qui se suffit ; et rien ne l'égale dans le moment qu'on l'adore. Nijinski fait-il de l'esprit, sa beauté décline. Le jour où Nijinski aura perdu de sa beauté ou de sa jeunesse, je n'aurai plus un regard pour lui. Plus touchant par là, et plus vivant, si beau, d'être si éphémère.

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��La statuaire avec la couleur, le peintre non moins que le musicien, tous les arts concourent à la danse. Le poëte seul se tait. Si possible, que se taise aussi la pensée.

Le monde est un spectacle, où la pensée n'est présente que pour anéantir la joie. La pensée a trop de poids. Ne plus être qu'un miroir, est le vœu de l'esprit qui contemple.

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