CHRONIQUE DE CAERDAL 479
Du même pas, du même air assuré, il se rend à l'office des postes, et transmet les ordres attendus. Il confie aux courriers les dépêches qu'il vient de libeller, touchant l'impôt d'une province, les mou- vements d'une légion, ou seulement l'achat d'une statue, la recherche de quelque manuscrit rare. Et l'on pense qu'il a fini sa journée. Elle commence au contraire.
��Un des temps les plus féconds, les plus riches en caractères, c'est l'empire. Les empereurs, qu'on en fasse des monstres ou des héros, sont au nombre des plus hommes. On ne connaîtrait pas bien l'humanité, si on ne les avait pas vus régner sur le monde ; et on ne saurait pas de quoi ils sont tous capables, eux, les princes, d'être, de faire et d'oser; les hommes, de subir et d'accepter. Sans ce petit commis de Suétone, sans ce digne homme gris, quelle idée aurait-on de ces somptueux tyrans, qui ont si bien gouverné le monde, que le monde obéit encore à leur gouvernement, et qui ont si fortement méprisé la plèbe, que le mépris est inné au grand nombre pour toujours ? Mais il y avait, dans Rome, au flanc de l'Esquilin, une maison modeste, où un honnête homme employé de l'Etat, un style à la main, traçait pour les siècles ces formidables scènes et ces figures cruelles.
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