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NOTES 537

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��DEUX LIVRES DE PEINTRES : LES ESSJIS ET PORTRJITS' de M. Jacques-Emile Blanche, les THÉORIES' de M. Maurice Denis.

Les peintres raiUent volontiers les littérateurs qui se mêlent de parler de peinture ; ils n'ont qu'à en parler eux-mêmes ; nous ne doutons pas qu'ils n'en parlent mieux ; ils ont du moins la connaissance du métier. Mais ont-ils toujours une idée bien nette de ce qu'ils peuvent, de ce qu'ils veulent ? — mais ont-ils même toujours des idées ? On aimerait pourtant que les meil- leurs d'entre eux assumassent un jour la fonction de critique après les précédents de Delacroix, de Fromentin. On déplore ainsi que M, Degas ne doive laisser que des " mots ", à l'exem- ple d'Ingres. Puissent le charmant livre de M. J.-E. Blanche, l'important livre de M. M. Denis l'encourager à nous révéler didactiquement son secret !

Aussi bien que le don de peindre, M. J.-E. Blanche avait reçu celui d'écrire ; quel romancier il eût fait ! Ne cherchez pas dans son livre des théories. Il a trop d'inquiétude et trop de fantaisie pour jamais théoriser. Il sait bien ce qu'il veut, mais ce que veulent les autres le trouble encore, après bien des années qu'il a son siège fait. Si absolues que nous paraissent ses convictions sur les maîtres passés et à venir, elles laissent place entre elles à un certain jeu, et dans les intervalles, quelque relativité, quelque contingence se glissent. S'il affirme la supériorité du métier d'hier sur celui de demain, il n'est rien qui lui échappe pourtant de ce que chaque lendemain nous découvre ; il faut peindre comme Titien ou comme Velasquez, voilà qui est acquis ; mais M. Blanche sait comment peint Renoir, comment Bonnard, comment Guérin ; il tient à savoir comment peint Matisse. Et dans sa sécurité malgré tout

' Dorbon-Aîné : les Bibliophiles Fantaisistes.

  • Bibliothèque de l'Occident.

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