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760 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

qualité secrète de la sève. Mais à aucun moment ici, la sève n'a cessé de couler. — Notre printemps du Nord à nous veut la nouveauté d'une feuille naissante, acide, encore fripée, qui n'était hier qu'un bourgeon ; un chant qui, ayant fini, recom- mence. Patientez, ami, l'Italie a tous les printemps. Vous chanterez la Spezzia au mois de Mai des vignes folles.

" O vigne, grâce de ces contrées. On sait que ton sarment te porte mal et que toute la générosité de ta nature réside dans ton fruit, son élan dans ton vin. Ce petit arbre jeune, un peuplier sans doute — à peine si une feuille en cœur tremble à sa pointe — lié à toi par un collier de paille, se raidit pour porter ton tortueux sarment. Il n'est rien qui ne s'anoblisse d'élever ton fruit, vers le ciel. Un jet flexible part du cep, offre ton feuillage volant, en panache, en guirlande, en couronne, en cent figures ingénieuses et diverses, au ciel penché. Par dessus les prés d'herbe et les champs de blé vert, assez haut — il faut que le blé prenne du soleil et prospère — mais à la portée de la main, voici que tu déploies un tcndelet transparent et doré, que dis-je ? un tapis continu ! car tout le long du champ, dans toute la largeur du champ, les vignes se joignent par les feuilles. Lorsque les épis seront mûrs, sur eux pendront les grains déjà formés des grappes. Il y aura

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