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Page:NRF 8.djvu/985

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DE LA FOI 977

Même lorsqu'il ne s'agit plus de pénétrer le secret des choses, mais seulement d'inventer des personnages et des événements, même dans le roman, le christianisme donne à ceux qu'il inspire un pouvoir spécial et comme une avance en pro- fondeur. — Stendhal, de quelle vie aiguë et char- mante, il s'entend à douer ses héros! Comme ils marchent avec vivacité ! On devine tous leurs sentiments bien groupés en eux, bien présents ; ils les goûtent comme de fines vapeurs délectables, sitôt évanouies que respirées ; ils sont merveilleu- seument légers, actifs et distincts. Ce sont des individus. — Mais non pas des créatures. Il n'y a rien en eux de plus que leurs passions ; ils sont tout entiers, et seulement, ce qu'ils éprouvent. Les forces chimiques, infiniment su'olimées, à la rigueur ont pu composer leur âme. (Stendhal croyait à Cabanis). 11 manque à leur réalité ceci qu'on ne pense pas à désirer qu'ils soient pardon- nés ; on ne peut pas prier pour eux. Et de même que nous restons séparés d'eux, de même ils restent les uns des autres séparés ; jusque dans l'amour ils sont en défense ; les amants de Stend- hal ont leurs fortunes différentes ; ils se rencon- trent, ils ne se joignent pas ; ils gardent leurs armes et méditent de s'en servir encore. Il n'y a pas au fond de leur cœur ce je ne sais quoi de rompu, par où l'être se répand et communique avec son semblable ; l'humanité en eux ne va pas

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