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Page:Nadar - Quand j'étais photographe, 1900.djvu/122

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Je commençai naturellement l’expérience in anima vili, sur ma simple personne et sur mon personnel de laboratoire.

Si médiocres et même détestables que fussent ces premiers clichés, le bruit de la tentative s’était répandu dans notre microcosme photographique où chacun tenait l’œil ouvert sur le voisin et j’étais aussitôt invité à donner une séance au Cercle et journal la Presse scientifique, alors installés rue Richelieu, à côté de la fontaine de Pradier — le sculpteur agréable mais inintégrai dont Préault disait : « — Il part tous les matins pour Athènes et il rentre tous les soirs place Bréda. »

Immédiatement transporté rue Richelieu tout mon encombrant matériel, j’obtins divers négatifs, — entre autres le groupe du Président et de ses deux assesseurs à leur bureau, — clichés dont je tirai séance tenante les positifs avec mon foyer électrique.

Ces premiers clichés ressortaient durs, avec des effets heurtés, les noirs opaques, découpés sans détails dans chaque visage. Les prunelles ou éteintes par excès de clarté ou brutalement piquées, comme deux clous.

Pour parfaire, il fallait un second foyer de lumière adoucie, fouillant les parties ombrées. J’essayai les