Aller au contenu

Page:Nadar - Quand j'étais photographe, 1900.djvu/131

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Il y a des niveaux différents, étages dans la fange fluide. Le clapier a sa superbe et ses préséances. Ce qui reste d’espace étranglé entre pierre et eau s’obstrue encore de choses innommées, inquiétantes, et dispute la place à la bruine. Des chaînes énormes, toutes rongées, tirent sur une partie plus élevée du cintre, semblant se faire plus lourdes pour hâter l’écroulement ; ces poulies soudées par l’oxydation ne furent-elles pas disposées par un tortionnaire mystérieux pour quelque question terrible ? Entre les piliers cagneux, le mur infiltré, lépreux, et ces ferrailles monstrueuses, notre wagon maléficié ne saurait plus avancer d’une ligne : reculer, le pourrat-il ?… C’est le Barathrum. Et toujours, dessous, dessus, devant, derrière, partout, l’eau, cette eau sanieuse, infâme, avec toutes ses voix, — mugissements, hoquets, éclaboussements, crachements, borborygmes…

Nous reculons enfin ; l’horreur a fui, et, dégagés de ces épouvantes, nous roulons par une série nouvelle de voies tantôt droites, tantôt courbes. — Au tournant d’une tangente, on nous arrête.

Nous sommes descendus de notre chariot et, en quelques pas, nous nous trouvons sous l’arc d’une voûte majeure, au bord d’une large canalisation. C’est le fleuve final qui rallie tous ces affluents, la