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Page:Nadar - Quand j'étais photographe, 1900.djvu/132

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suprême synthèse de toute notre vie parisienne, — le Grand Collecteur. :

Un bachot massif, carré de forme, nous reçoit, et un dernier relais de coureurs, — ceux-là ne pourront plus que marcher, vu la pesanteur de leur convoi — nous hale lourdement sur le flux sordide. Nous traçons dans ces épaisseurs un large sillon en même temps que, par notre poussée, l’action de notre van mobile chasse à l’avant de notre bac les bourbes du fond vers la Seine empestiférée.

Dans l’histoire des égoûts, écrite avec la plume géniale du poète et du philosophe, après cette description qu’il a su rendre plus émouvante qu’un drame, Hugo raconte qu’en Chine il n’est pas un paysan revenant de vendre ses légumes à la ville qui n’en rapporte la lourde charge d’un double seau rempli de ces précieux ferments. Le livre si intéressant et documenté de M. Simon, qui habita la Chine pendant de longues années, énonce ce fait coutumier que l’auteur me confirma lui-même.

Nous, nous envoyons au Pérou des navires pour nous rapporter à grands frais ce que nous jetons dédaigneusement ici, tout en hâte de nous en débarrasser, tandis que Barral, dans sa Trilogie agricole, évalue à quarante millions d’hectolitres de blé ce que notre agriculture perd annuellement d’engrais naturels. Tous nos économistes agraires, tous les hommes spéciaux, les Boussingault, les Liebig, les