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Page:Nadar - Quand j'étais photographe, 1900.djvu/180

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mon tant cher Rops, de toutes ces joies, de ces vaillances, que reste-t-il aujourd’hui ?…

Il avait la noble indifférence à ce qui se possède, la libéralité, la générosité des grandes âmes, et il eût pu prendre pour son cachet la devise des Ravenswood, une des plus belles que je connaisse : « — La main ouverte. »

Lorsqu’il construisit ses appareils d’agrandissement avec héliostats, sa première parole fut :

— Je vais t’en envoyer un.

Je déclinai l’offre. Je savais le prix élevé de ces instruments (trois mille francs alors, je crois) et quelque urgent que fût pour moi le besoin de cette acquisition, elle se trouvait à ce moment intempestive.

Comme il insistait, je finis par lui dire le motif. — Il s’emporta :

— Te moques-tu de moi et crois-tu que je cherche à faire avec toi « une affaire ? »

J’eus beau me débattre : il était à peine reparti que je recevais l’instrument, avec un mot affectueux pour remplacer l’acquit de facture : nous étions, lui et moi, négociants !

Il fallait se soumettre — et attendre l’heure de la vengeance.