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Page:Nadar - Quand j'étais photographe, 1900.djvu/21

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gazebon vengé

instants de repos avant le repas du soir, après une longue journée de travail ? Chassé du lit dès avant l’aube par les préoccupations de son labeur, l’homme ne s’est plus arrêté d’agir et de penser. Il a donné de lui tout ce qu’il pouvait donner, sans compter, luttant contre la fatigue de plus en plus accablante :

Je tomberai ce soir comme un bœuf assommé,

et ce n’est qu’à la baisse du jour, lorsque a sonné l’heure de la libération, l’heure de la cessation pour tous, que, la grande porte de la maison enfin close, il se fait grâce, accordant jusqu’au lendemain trêve plénière à ses membres, à son cerveau excédés.

C’est l’heure douce par excellence où, récompensé de son travail — notre grand bienfait humain — par son travail même, — et tout à lui-même enfin rendu, il s’étend longuement avec délice sur le siège d’élection, récapitulant le fruit de sa journée d’efforts…

Oui, mais notre grande porte fermée, la petite reste entr’ouverte toujours, et si notre bonne chance doit être aujourd’hui complète, il nous arrivera bien, pour quelque bonne causerie bien intime, réconfortante, où la discussion détestable ne s’aviserait jamais d’intervenir, l’un de ceux que nous aimons par-dessus tous et qui nous aiment, — un des quelques que notre pensée toujours suit comme leur pensée est avec nous toujours : accords parfaits, communions cimentées jusqu’au delà de l’heure der-