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Page:Nadar - Quand j'étais photographe, 1900.djvu/22

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quand j’étais photographe

nière par les longues années d’affection et d’estime…

Justement m’était échu ce tantôt-là l’un des plus chers et des meilleurs, l’âme la plus haute avec l’esprit le plus alerte et le plus clair, l’un des plus brillants fleurets cités de la conversation parisienne, mon excellent Hérald de Pages — et quelle bonne bavette bien intime on était en train de tailler, oubliant loin derrière fatigues et tout le reste ! — lorsqu’on nous annonce un visiteur :

— Je n’y suis pas ! Qu’on me laisse tranquille !

— C’est que celui-là est déjà venu trois fois sans vous trouver, et il vient de nous dire que, si vous ne pouviez encore le recevoir, il reviendrait. Il a absolument besoin de vous parler.

— Qui est-ce ?

— Je ne sais : un tout jeune homme qui a l’air d’un ouvrier, — nu-tête et en blouse blanche.

— Laisse-le monter… intervient le bon Hérald qui a déjà flairé (— je le connais ! —) quelque peu de bien à faire.

— Aye !  !  !… — Faites monter.


Apparaît le jeune homme en blouse blanche et tête nue.

Il commence par s’excuser s’il se présente en tenue de travail : occupé tout le jour, il n’a pu, sous peine de ne plus me rencontrer, rentrer s’habiller chez sa