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Page:Nadar - Quand j'étais photographe, 1900.djvu/23

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gazebon vengé

mère avec laquelle il demeure sur les hauteurs de Clignancourt.

Vingt ans, peut-être et au plus, le regard droit et net, le maintien réservé, modeste mais assuré. La paroie remarquablement facile n’a rien de l’accent trainard des bas-fonds parisiens. Ensemble très sympathique : prototype du bon ouvrier français, intelligent, rapide, débrouillard.

Après ses excuses et remerciements, il m’a déjà exposé que malgré l’absolu besoin qu’il avait de me voir, il aurait peut-être hésité pourtant à me déranger s’il ne se trouvait déjà quelque peu avec moi en pays de connaissance : sa mère, dont il me dit et répète le petit nom, avait servi à Lyon ma mère à laquelle elle gardait le meilleur souvenir, et encore il avait travaillé pendant près de deux ans chez Léopold Leclanché, fils d’un de mes vieux amis, le traducteur des Mémoires de Cellini.

— … celui, monsieur, que vous aviez baptisé Farouchot — il riait de si bon cœur en nous le racontant ! — et que nous avons eu le malheur de perdre avant son fils : une bien grande perte encore, celle-ci, monsieur, pour moi et pour tous, car M. Léopold avait encore devant lui plus d’une invention peut-être plus précieuse même que sa pile électrique, et il avait la bonté de me témoigner de l’intérêt, beaucoup d’intérêt. — J’ai bien perdu en lui.

— Alors, vous êtes ouvrier électricien ?