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Page:Nadar - Quand j'étais photographe, 1900.djvu/230

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Bien des kilomètres le séparaient de ce Vidal aspiré. Mais la décision était une des vertus cardinales de Monckhoven. Il écrit à Vidal qu’il n’y peut plus tenir, qu’il va avaler les kilomètres. — Parti de Gand la veille au soir, il tombe le lendemain en gare de Marseille, où Vidal doit l’attendre.

J’ai dit dans une autre rencontre l’extrême jeunesse, l’aspect presque enfantin de ce Monckhoven déjà célèbre dans le monde photographique et même scientifique. Quant à Vidal, autre primeur, et je ne sais vraiment si nos deux antédiluviens auraient pu faire alors beaucoup plus de cinquante ans à eux deux.

Par le tohubohu de la gare à l’arrivée du train, Vidal guettait le fameux doyen qu’il s’attendait à recevoir en toute révérence, pendant que Monck guignait dans tous les coins l’autre vétéran, ce Vidal auquel sa notoriété acquise adjugeait de droit poil gris sinon blanc.

Ne se retrouvant de part ni d’autre, ils se décidaient, de guerre lasse, chacun de son côté, à abandonner la place avec toute la mauvaise humeur des désappointés, lorsque Vidal aperçoit le nom de Van Monckhoven sur une valise portée par le dernier voyageur sortant, un tout blond adolescent :

— La valise de M. Van Monckhoven ?… demande Vidal indécis et sur la réserve.