Aller au contenu

Page:Nadar - Quand j'étais photographe, 1900.djvu/265

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

mentales archives, véritables pièces de caisse de notre science moderne, soit précieusement gardé en un digne retrait, continuant chaque jour à s’enrichir.

Elles sont d’une absorbante attraction, ces feuilles ou se déroulent en linéaments blancs sur le noir funéraire des tableaux les variations à l’infini de l’hymne vital, c’est-à-dire la complainte de notre misère. Hommes et femmes, enfant, adulte, vieillard, indemnes et valétudinaires, y ont apporté chacun à son quartier générique leur témoignage autographe sous un serment qui ne se viole point. Ce n’est qu’ondes, courbes, ressauts, trépidations, caprications, saccades, ascensions brusques et tombées subites ou lentes, rebondissements semblables aux sommets déchiquetés de quelque chaîne volcanique. Dans ces diversités symptomatiqués des stigmates de notre existence, rythmes de toutes les souffrances humaines, chaque maladie, chaque poison a sa gamme personnelle. Les soubresauts hachés de la colique de plomb ne sont pas les décrochements de la typhoide, le pas de la belladone se marque autrement que celui du curare. — Le pouls de l’enfant vibre, s’élance, batifole : — du vieillard, la ligne de vie, significativement affaissée, se tasse, s’écrase, comme si, répondant à l’appel, le moribond voulait étreindre, pour s’y enfouir, cette terre qui le siffle…