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Page:Nadar - Quand j'étais photographe, 1900.djvu/266

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De ces images, la plus pathétique, la plus saisissante m’apparaît celle qui nous donne à lire d’un regard le dernier souffle, l’ultime température d’un cholérique : — je n’aurai pas rencontré mise en scène, tableau, ni page écrite aussi dramatique que l’unique filament de ce diagramme en sa lugubre simplicité.

Comme plus fulgurante au moment suprême où elle va s’éteindre, la fusée de vie de l’agonisant s’est élancée en un dernier jet, vain effort de résistance désespérée, traçant par le vide noir ses soubresauts en zigzags éperdus, jusqu’à son zénith — d’où, d’un coup, elle tombe oblique comme l’étoile qui file et rentre dans la nuit de l’horizon glacé…

On admire le magicien ès arts et métiers qui a su confesser ainsi la matière non pensante et nous en tirer de telles éloquences.

Mais il n’est que temps de m’apercevoir qu’une antique, toujours chère attraction gardée de quelques études premières m’a déjà retenu : trop longtemps devant le biologiste, quand c’est ici le photographe qui doit nous occuper. — Le nouveau Président de notre Société Francaise de Photographie ne saurait attendre.

La méthode automatique appliquée par Marey à l’observation des mouvements animaux ne pouvait