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Page:Nadar - Quand j'étais photographe, 1900.djvu/46

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quand j’étais photographe

Encore ai-je à m’excuser d’abord s’il me faut prendre ici par le plus long et rappeler une vieille histoire ignorée de la génération présente et qui a eu d’ailleurs, depuis 1863, tout le temps de se faire oublier de tous, malgré son fracas d’alors.


Dans mes premières ascensions en quête de la photographie aérostatique, si difficile alors et dont ils savent tous jouer comme ils veulent aujourd’hui que la voie est déblayée, — je n’avais pu manquer, comme chacun en l’air et même à terre, d’être traversé de l’éternel rêve humain : — la navigation aérienne.

Quelques descentes un peu vives où, par tout petit vent frais, ma nacelle d’osier brisait arbres et murs, m’avaient bien vite donné là à réfléchir.

« — Si je ne puis seulement arrêter mon ballon sous cette brise insignifiante, où la moindre vitesse acquise tord mes ancres, rompt mes câbles, et me traine à travers tout, — ma prétention de le diriger contre les courants serait donc plus qu’impertinente. »

De ce premier constat si simple, tout un enchainement logique d’autres observations non moins décisives avait déterminé ma conclusion :

« — L’aérostat (— et ce nom qu’il reçut à son baptême semblait lui limiter son unique destinée —),