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Page:Nadar - Quand j'étais photographe, 1900.djvu/49

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l’aveugle princesse


C’était quelque chose ; ce n’était rien.

Rien qu’une formule : — qui la réaliserait ?

Pas moi, certes, qui ne tiens aucune des vertus de l’ingénieur, qui ne pus jamais me décider à brouter les logarithmes, nativement rétif à l’A + B, et à qui de tous temps on reprocha surtout de ne savoir seulement compter.

Mais qui nous donnera raison de ce grand inconnu, lequel de nous dégagera cette révolution gigantesque qui bouleversera de fond en comble (— réfléchissez-y un instant —) toutes les conditions de nos existences présentes, — devant laquelle vont s’effacer toutes les découvertes dont l’humanité s’enorgueillit ?

D’autre part, cette gloire de demi-dieu ne sera-t-elle pas trop lourde pour un seul ?

Devant une thèse aussi complexe, où tant de nos connaissances sont participantes, ne fallait-il pas faire appel à tous les chercheurs, à tous les croyants ?

Alors, avec un ami cher que j’ai depuis perdu, l’excellent de La Landelle, et Ponton d’Amecourt, féru de la folie parallèle (— sapientem stultitiam —), je créai une Société d’Encouragement pour la navigation aérienne par les appareils exclusivement plus lourds que l’air, — et du même coup, sans plus compter, je fondai notre journal spécial l’Aéronaute.