Une seule question : — le traître au foyer, le voleur d’honneur et de tout, aura-t-il jamais assez de sang pour étancher telles soifs ?
Le misérable est là, à côté. Avec l’argent de quelque autre femme et d’où l’aurait-il pris ? — ne vient-il pas de s’établir, lui aussi, dans une boutique toute prochaine qui semble menacer de prospérer ; et, chasseur inlassable, comme Nemrod devant l’Éternel, déjà l’infâme court les agences matrimoniales pour dépister une femme encore à qui se vendre.
Plus sombre que jamais, le mari n’appartient qu’à l’idée fixe ; — mais il a beau se dessécher, se consumer à la recherche, il ne sait trouver encore, il ne saura trouver jamais ce qui pourra étancher sa haine, cette haine qui subitement, lui négatif, nul jusqu’ici, vient de le relever et révéler, de le grandir devant l’épouse effarée. À la bonne heure, enfin ! Du coup, voici l’homme, voici le vaillant, le terrible, — celui qui commande et auquel on obéit : celui qui va tuer, — le Mâle !…
Lui, de ce côté de la complice, il a fait la trêve muette : — à plus tard !…
Présentement, il ne veut rien entre lui et sa pensée unique…
Elle, devant lui, s’écrase, annihilée, prête à tout pour obéir à celui-là, pour aider au châtiment de l’autre, le parjure, le double parjure…