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Page:Nadar - Quand j'étais photographe, 1900.djvu/92

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m’affirmer que je vais tenter l’irréalisable. Bisson l’aîné confirme ; le brave Legray me dit : « — Tu vas dépenser l’argent que tu n’as pas et te casser le cou que tu as, pour rien ! » — et mon excellent maître Camille d’Arnaud me supplie de rester tranquille.

Mais qui ou quoi pourrait m’arrêter une fois parti dans un de mes emballements ?…

J’ai déjà nolisé un ballon, plus un membre de la tribu des Godard pour la manœuvre, — et jour est pris.

Fiévreusement j’ai disposé l’organisation du laboratoire que j’ai à installer dans ma nacelle, car nous n’en sommes pas encore aux temps bénis où nos neveux emporteront un laboratoire dans leur poche et nous devons faire là-haut notre cuisine. — Aussi toute notre batterie est là, à son poste. Et il ne faut rien oublier, car il ne sera pas commode de descendre et remonter trop souvent.

La nacelle, aussi spacieuse que peuvent le comporter les six cents mètres cubes de l’aérostat qui n’a à enlever avec ses câbles d’attache que mon préparateur et moi, a été aménagée à la perfection. Tout y est méthodiquement sous la main, casé ou appendu en place. Nous sommes là comme chez nous, et Bertsch tout de suite échangerait contre notre laboratoire aérien son étroite guérite de la rue Fontaine--