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Page:Nadar - Quand j'étais photographe, 1900.djvu/93

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Saint-Georges, vrai fourreau de parapluie d’où il lutine ses planètes.

Au cercle de l’aérostat est appendue la tente, imperméable au moindre rayon diurne avec sa double enveloppe orange et noire, et sa toute petite lucarne de verre jaune aphotogène qui ne me donne que juste la lueur nécessaire. — Il fait chaud là-dessous, pour l’opérateur et pour l’opération. Mais notre collodion et nos autres produits ne peuvent s’en douter, plongés dans leurs bains de glace.

Mon objectif verticalement amarré est un Dallmeyer, c’est tout dire, et le déclic de la guillotine horizontale que j’ai imaginée (— encore un brevet ! —) pour le découvrir et le réopturer d’un trait, fonctionne impeccablement.

Enfin j’ai au mieux possible paré aux mouvements de la nacelle : notre force ascensionnelle est telle que nos câbles d’attache, partant non de la nacelle, mais de l’équateur de l’aérostat, sont tendus à demander grâce où à faire éclater l’enveloppe du ballon. Je n’opérerai d’ailleurs que par un temps calme, et si l’élasticité de mes cordages se fait sentir à ma hauteur disposée de trois cents mètres, je réduirai à deux cents, à cent : — il faut réussir.

Enfin, tout y est, tout est prêt !

Je monte.