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Page:Nadar - Quand j'étais photographe, 1900.djvu/96

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Cette fois suprême, m’obstinant, j’avais prolongé plus tard qu’aux montées précédentes ma lutte inutile, et le jour tombait avec nous lorsque nous descendions, tout près de Paris, dans un vallon ignoré, alors à peu près désert et charmant, qu’on appelle Petit-Bicêtre.

Il n’y avait pas de vent. Nous venions de nous asseoir mollement à côté d’un gros pommier. Le Godard de manœuvre se disposait à vider et plier son ballon :

— Arrêtez !…

Je viens d’être traversé d’une idée : — pourquoi demain matin encore ne tenterais-je pas l’éventualité quelle qu’elle soit, puisque je suis là, tout porté ? Les frais sont faits, le gaz payé, et mon appendice bien clos, il n’y a pas de danger que ce gaz s’échappe en dilatation pour cette nuit, car déjà le froid pique. — Je vais donc laisser le ballon sur place, bien amarré à cet honnête pommier et sous bonne garde d’ailleurs, charger de pierres meulières ma nacelle et envoyer sur Paris mon préparateur qui m’apportera d’autres produits tout neufs. — Une nuit est bientôt passée, même à Petit-Bicêtre — et qui sait si demain matin, enfin ?

Dès l’aube je suis debout. Le temps est couvert, il tombe une bruine grise et glaciale. Décidément je ne suis pas favorisé.

Mais voici bien autre chose : je n’aperçois plus