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Page:Nadar - Quand j'étais photographe, 1900.djvu/97

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mon ballon !!! — Si, le voilà ! Mais en quel état ?

Ce ballon auquel nous avons dit bonsoir il y a quelques heures, droit et fier alors sur son pédoncule comme un champignon majestueux, je le retrouve tassé sur lui-même, affalé, avachi. Le froid de la nuit a condensé son gaz, et en outre le filet, les manœuvres sont alourdis par cette petite pluie fine, si inopportune. La guigne s’acharne. Vais-je pouvoir m’enlever seulement ?

La nacelle est vidée des meulières. Pendant qu’on la maintient sans peine, je la déménage du laboratoire si précieusement installé, de la tente, de tout, même de ma fameuse guillotine horizontale (— à brevet ! —) que ma main suppléera : je n’emporterai avec moi que ma chambre noire et ma glace préparée sous châssis.

Je prends place dans le panier : il fait à peine un demi-tour sur lui-même sans quitter le sol, comme découragé et renonçant à trop gros effort.

Dans ce presque rien, il y a pourtant une petite indication ascensionnelle et il est évident qu’un très faible allègement va suffire pour me faire monter, car ce pesage de quintaux est en somme aussi délicat et sensible que celui des centigrammes sur le trébuchet du pharmacien.

Il n’y a pas à hésiter : je vais m’alléger en détachant ma nacelle : je me cramponnerai au cercle. Encore, bien qu’il fasse frais, je quitte mon paletot, d’abord, que j’abandonne à terre, puis mon gilet,