Page:Nagaoka - Histoire des relations du Japon avec l'Europe aux XVIe et XVIIe siècles, 1905.djvu/129

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C’est également l’avis de l’écrivain protestant Montanus : « La persécution était fondée sur les grands progrès que les jésuites portugais faisaient dans le Japon. La raison pour laquelle ces sortes de gens se multiplièrent avec tant de succès est qu’on leur permit d’enseigner la religion romaine avec autant de liberté que ceux du pays en avaient… On ne voyait plus au Japon qu’églises, que chapelles, que monastères et que confréries, principalement de la sainte Vierge, qu’ils multipliaient à l’infini pour tirer de l’argent du peuple. On ne voyait alors dans les meilleures villes du Japon que franciscains, que dominicains, que jésuites qui couroient, qui alloient et venoient, en sorte qu’ils faisaient par an de ce qu’ils tiraient sur le peuple plus de dix millions de compte fait. Ces sommes excessives appauvrirent tellement le peuple qu’à peine avait-il de quoi subsister, et néanmoins ces pauvres gens ne pouvaient s’empêcher de suivre ces sangsues, tant les sornettes qu’ils leur débitaient étaient contées pathétiquement, et d’une manière enchantée. Cette colonie monastique, se voyant en si beau chemin, résolut de pousser sa pointe et de monter si elle pouvait jusque sur le trône impérial, ou du moins d’y faire monter un prince de même créance, afin que s’ils n’étaient les maîtres ils en fissent un qui leur permit de faire tout ce qu’ils voudraient comme étant l’ouvrage de leurs mains »[1].

  1. A. Montanus, op. cit., part. I, p. 168.