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condition de n’y faire aucun acte de religion, a été sur le point d’être un royaume chrétien et peut-être un royaume portugais. Nos prêtres y étaient honorés plus que parmi nous ; aujourd’hui leur tête y est à prix et ce prix même est considérable. » Comme l’écrivait Voltaire, dans les dernières années de Nobounaga le christianisme faisait de trop grands progrès et se développait avec trop de rapidité.

Pour arriver à cet état de prospérité, les Pères auraient dû recevoir non seulement la protection d’un dictateur central, mais encore celle des seigneurs territoriaux ; les missionnaires et les chrétiens indigènes étaient trop ardents à faire développer leur religion et ne pouvaient songer à la haine de la nation qui de jour en jour augmentait contre eux. De plus, les Pères venaient d’intervenir dans la question sociale et politique des affaires intérieures, et naturellement employaient tous les moyens pour diminuer l’influence du bouddhisme et des bonzes. C’est dans ces raisons qu’il faut trouver à la fois les causes du développement et de la décadence du christianisme.

Les seigneurs convertis poussaient leur zèle jusqu’à la superstition ; ils allaient jusqu’à faire démolir les temples shintoïstes et bouddhiques et à oublier la cérémonie du culte des ancêtres. Les Pères étaient heureux de cette conduite, mais les vassaux manifestaient leur mécontentement. Pendant la féodalité, le culte des ancêtres servait à soutenir la dignité d’une famille ou d’une maison seigneuriale féodale ;