Page:Nagaoka - Histoire des relations du Japon avec l'Europe aux XVIe et XVIIe siècles, 1905.djvu/256

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val, et un grand nombre de cavaliers, richement vêtus, fermaient la marche. Ce fut dans cet ordre qu’on entra dans Rome ; toute la ville accourut à ce spectacle ; les rues, les fenêtres, les trottoirs, et les toits mêmes étaient remplis de monde ; l’admiration et la religion suspendaient de telle force les esprits, qu’il régnait partout un profond et sacré silence, lequel n’était interrompu que par le bruit des trompettes, des timbales et des acclamations. Quand les ambassadeurs furent sur le pont Saint-Ange, le canon du château tonna, l’artillerie du Vatican y répondît et l’on entendit un concert de toutes sortes d’instruments, qui les accompagna jusque chez le Pape.

Dès qu’on sut qu’ils étaient proches, le Pontife et tous les cardinaux descendirent à la salle royale. À peine Sa Sainteté était-elle assise sur son trône, que les ambassadeurs parurent, chacun la lettre de son prince à la main ; ils se prosternèrent aussitôt à ses pieds, déclarèrent en leur langue naturelle, d’une voix haute et distincte, qu’ils venaient des extrémités de la terre reconnaître en sa personne le Vicaire de Jésus-Christ, et lui rendre obéissance au nom des princes, dont ils étaient les envoyés, et en leur propre nom. Dès qu’ils eurent fini, le Père de Mesquita expliqua en latin ce qu’ils venaient de dire ; mais la vue des trois jeunes seigneurs, qui avaient essuyé tant de périls et de fatigues, pour venir rendre leurs hommages au Saint-Siège apostolique, était un langage qui n’avait pas besoin d’interprète, et qui pénétrait jusqu’au fond des cœurs ; aussi la plupart des