Page:Nagaoka - Histoire des relations du Japon avec l'Europe aux XVIe et XVIIe siècles, 1905.djvu/31

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aperçu de notre histoire, de rappeler encore une fois la dualité des pouvoirs mikadonal et shogounal, depuis Yoritomo jusqu’à la fin des Tokougawa, en exceptant toutefois la courte durée de la restauration de Kembou, Cette dualité ne donna pour ainsi dire jamais naissance à aucun conflit, l’empereur n’ayant jamais voulu réclamer pour lui-même la puissance qu’il avait consenti à déléguer au shogoun et celui-ci n’ayant jamais méconnu ni essayer d’accaparer la dignité impériale. À supposer même que le shogoun eût voulu se substituer au mikado et anéantir, de ce fait, la maison impériale, il n’eût pu arriver à ce résultat sans rencontrer les plus sérieuses difficultés de la part de la nation ou plutôt de la part des seigneurs féodaux qui avaient, eux aussi, leurs forces militaire et financière et dont le but était toujours d’arriver à la suzeraineté. Pour comprendre ce point très délicat de l’histoire du Japon, il faut remonter à l’origine de la fondation impériale, où l’on trouve le dogme accepté sans discussion par toute la nation que la maison impériale est « la maison centrale de la grande famille japonaise qui chasse les races indigènes de l’île nipponne ». L’Empereur est donc estimé non seulement comme souverain politique, mais aussi comme chef de famille. La doctrine chinoise et principalement la morale de Confucius qui se préoccupe avant tout de la nécessité de maintenir l’ordre social enracina plus profondément encore ce dogme dans l’esprit japonais ; cette morale fut japonisée par la morale