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Mendez Pinto et ses compagnons. Elle repose sur le récit du voyage écrit par Pinto lui-même[1] :

  1. Pinto naquit à Montemar Velho, près de Coïmbre, de parents obscurs. Il vint en 1521 à Lisbonne, âgé de dix ou douze ans ; ainsi l’époque de sa naissance se reporte vers l’année 1510 : « J’entrai, dit-il, au service d’une dame de maison très illustre ; mais après y être resté un an et demi, il me survint une affaire qui me mit en danger de perdre la vie et me força de prendre la fuite. » C’est à cet événement que commencent ses voyages et ses aventures. S’étant embarqué en 1537 pour les Indes Orientales, il y mena pendant plus de vingt ans une vie très aventureuse. Rentré en 1558 en Portugal, il s’y maria et écrivit une relation de ses voyages : Peregrinaçao, qui fut traduite dans presque toutes les langues d’Europe et notamment en français par Bernard Figuier, sous le titre de Voyages advantureux (1628). Les Portugais regardent encore comme un ouvrage classique la relation des voyages de Mendez Pinto ; les uns l’ont lue avec enthousiasme, d’autres l’ont regardée comme un tissu de mensonges. Ses partisans n’ont pas eu de peine à justifier leur opinion. Les détails en sont très attachants. Il règne dans tout l’ouvrage un air de sincérité qui prévient en faveur de l’auteur : c’est un miroir fidèle du caractère et des mœurs des premiers conquérants de l’Inde. On reconnaît dans ces hommes d’une forte trempe une espèce de férocité mêlée à des idées religieuses qui les rendait capables des actes de la plus grande cruauté et des actions les plus belles. Tant que Pinto a été le seul à parler des pays qu’il avait vus, ses antagonistes pouvaient nier la vérité de ses récits sans qu’il fût possible de leur répondre ; mais à présent que ces pays sont mieux connus, l’on ne peut s’empêcher d’y reconnaître de grandes vérités. Certains détails sont évidemment embellis. L’on peut conclure de ce qui a été dit à l’égard de quelques-uns qu’ils doivent reposer sur des faits réels. Les voyages ont été sans doute écrits en grande partie de mémoire ; et il est probable qu’au lieu de rendre les