Page:Nagaoka - Histoire des relations du Japon avec l'Europe aux XVIe et XVIIe siècles, 1905.djvu/68

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davantage, ce fut à cause de la crainte qu’avait le seigneur du pays, parce que les bonzes, voyant l′accroissement que prenait notre sainte Foi, se tournèrent contre le seigneur et lui dirent que, s’il nous laissait ainsi marcher et consentait à ce qu’on se fit chrétien, les Camis et Fotoques, indignés contre lui, le puniraient gravement et lui feraient perdre sa seigneurie[1]. Enfin ils procédèrent de telle sorte

  1. Les envoyés des bonzes parlèrent au nom de toutes les sectes et dirent au prince : « Seigneur, nous venons au nom d’Amida et de toutes les divinités qu’on adore dans cet empire vous demander si vous êtes résolu d’abolir entièrement leur culte et de vous rendre vous-même adorateur d’un Dieu crucifié dont les ministres sont trois misérables qui ne trouvant pas de quoi vivre aux Indes, en sont venus chercher au Japon. Le soin de nos personnes tous les jours exposées à la rage d’une populace que ces enchanteurs ont séduite, n’est pas ce qui nous fait parler : mais pouvons-nous voir sans douleur les temples abandonnés, les autels sans parfums et les dieux immortels déshonorés ? Aucun de nous. Seigneur, n’a pu encore se persuader que vous ayez quitté la religion de nos pères et qu’il vous soit seulement venu à l′esprit que la Chine et le Japon, les deux nations les plus éclairées de l′univers, aient été l’espace de tant de siècles dans l′erreur sur la chose du monde en quoi il est moins excusable d’errer. Mais si vous leur avez sur cela rendu justice, permettez-nous de vous le dire, vous n’en êtes que plus coupable ; vous adorez nos dieux et vous favorisez une doctrine qui les dégrade ; vous reconnaissez qu’ils ont des foudres en mains et vous protégez les impies qui lèvent contre eux l’étendard de la rébellion. Eh ! que diront les autres rois, que diront nos empereurs quand ils sauront que de votre propre autorité vous avez introduit dans cet empire une religion qui en sappe tous les fondements ? Mais,