Page:Nagaoka - Histoire des relations du Japon avec l'Europe aux XVIe et XVIIe siècles, 1905.djvu/69

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auprès de lui qu’il porta un décret par lequel défense était faite, sous peine de mort, à qui que ce soit de devenir chrétien. Ne pouvant donc plus faire de fruit en ce pays, nous partîmes pour un autre. Ce ne fut pas sans beaucoup de larmes de nos chrétiens, à l′heure des adieux, car ils nous aiment grandement. Ils nous remerciaient beaucoup de la peine que nous avions prise à leur enseigner le chemin du salut.

    que n’entreprendront pas contre vous les zélés sectateurs des camis et des fotoques et, assistés du concours du ciel, que n’exécuteront-ils pas ? Attendez-vous, seigneur, à voir tous vos voisins entrer à main armée dans vos États et à y porter partout la désolation. Attendez-vous à voir tous ceux de vos sujets qui n’ont pas encore fléchi le genou devant le Dieu des Chrétiens, se joindre à vos ennemis, persuadés qu’ils doivent encore plus de fidélité aux dieux tutélaires de la patrie qu’à vous, mortel et homme comme eux. Tout est permis dans ces rencontres et si les rois n’ont de pouvoir que ce qu’ils en ont reçu des dieux immortels, du moment qu’ils refusent à ces êtres souverains les hommages qui leur sont dus, ils se dépouillent eux-mêmes de tout ce qui les distinguait du reste des hommes. Songez donc, Prince, à profiter de cet avis, que le ciel vous donne par notre bouche ; ne nous obligez pas à fermer nos temples, à nous retirer avec nos dieux ; car alors n’y ayant plus rien dans le Saxuma, qui fût capable d’arrêter la colère divine, nous ne répondrions pas de ce qui pourrait en arriver. » Mais le roi se voyait dans des circonstances où il crut pouvoir accorder son intérêt avec son autorité, en temporisant ; il ne parut pas être choqué du discours des bonzes, mais il ne leur fit point une réponse favorable ; ce qui l’obligea d’en user ainsi, c’est qu’on attendait de jour en jour des navires portugais. (Charlevoix, op. cit., t. II, p. 42 et suiv.).