Page:Nagaoka - Histoire des relations du Japon avec l'Europe aux XVIe et XVIIe siècles, 1905.djvu/82

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Ciel, je le prie, dis-je, de faire entendre aux superbes de ce siècle combien cette vie sainte et pauvre lui est agréable, afin que les enfants de notre chair ne soient pas trompés par les fausses promesses du monde. Mandez-moi des nouvelles de votre santé pour me faire bien dormir la nuit, jusqu’à ce que les coqs m’éveillent en m’annonçant votre venue »[1].

  1. Nous donnons ici quelques renseignements sur l’église à Yamagoutchi. On a vu déjà qu’une révolte de Soué Haroukata avait eu lieu en septembre 1551 et que Yoshitaka s’était suicidé. Otomo Yoshinaga, qui lui succéda, sembla favorable au christianisme. Mais, en 1554, Mori Motonari entra en lutte contre Haroukata pour venger son ancien maître Yoshitaka et il s’ensuivit la défaite de Haroukata et de Yoshinaga. Le Père Côme de Torrez dut s’enfuir et Motonari, le maître incontesté de la province, ne s’occupa en aucune façon des chrétiens, de sorte que ceux-ci restèrent privés de religieux et ne purent que très imparfaitement exercer leur religion. Une lettre du Père Francesco Carrion ajoute : « Il existait deux églises chrétiennes : l’une dans la ville même de Yamaguchi, l’autre dans les environs. Elles possédaient environ 500 adeptes, qui furent privés de prêtres pendant une période de vingt-quatre à vingt-cinq ans, sauf pendant le passage dans cette ville du Père Cabrai, qui eut lieu il y a cinq ans passés, et qui ne resta parmi eux que pendant quelques jours seulement, les confessant, les exhortant à la persévérance et baptisant un grand nombre de nouveaux convertis. Les premiers convertis furent baptisés par François Xavier ; d’autres par Torrès. Depuis la mort du jeune frère du roi de Bungo, les tyrans (Motonari et ses deux fils) qui gouvernèrent la province, n’autorisèrent aucun missionnaire à y résider, ce qui n’empêcha les chrétiens de rester fidèles à leur religion et d’en voir le nombre augmenter, chacun d’eux ayant initié leurs enfants dans la même croyance. » (Lettera Annuela del P. Francesco Carrion, 1579, p. 77).