— Mais si tu savais, au contraire, qu’il n’attend que ce mot, pour te revenir ?
— Ah ! si j’étais sûre…
— Voilà… Tu voudrais être sûre ; il voudrait être sûr… Eh bien, si je te dis : moi, j’en suis sûr ! Te fierais-tu à ma parole ?
Elle ferma les yeux, luttant contre la fierté qui appréhendait, si vivement, un échec.
— Grand-père, je veux avoir confiance en vous ; je ferai ce que vous voudrez.
— Alors, tu vas écrire à Philippe.
— Que lui dirais-je ? fit-elle avec émoi.
— Tu veux que je te fasse un brouillon ? Oh ! c’est bien simple. Tu vas écrire : « Philippe, revenez ; je vous attends. »
— Grand-père, cela me coûte beaucoup.
— Tu m’as promis de m’obéir.
— Je le ferai, soupira-t-elle.
— Tiens, voilà du papier.
Elle prit la feuille et, d’une écriture tremblée, traça les quelques mots qui devaient décider de sa destinée.
— C’est bien, dit grand-père ; donne-moi cela et efforce-toi de n’y plus penser ; tu serais capable de te redonner la fièvre.
Le temps était délicieux ; le ciel, la verdure, les fleurs resplendissaient d’un juvénile éclat.
— C’est un vrai temps d’amoureux, déclara grand-père qui avait calculé, qu’à cette heure, le billet de Valentine devait être aux mains de son destinataire et qu’il faudrait, à celui-ci, juste le temps d’accourir. Va faire un tour de jardin, fillette, si par hasard, Philippe se présentait, je le recevrais.
La jeune fille devint toute rose.
— Va, répéta le vieillard ; je suis sûr, qu’aujourd’hui, en y regardant bien, on verrait s’allonger les jacinthes et s’ouvrir les tulipes.