contre. Il nous manifesta ensuite le désir de savoir d’où nous venions. La chose est assez difficile à lui expliquer. Nous étendons les bras dans la direction de la mer et de la banquise et essayons de lui faire comprendre tant bien que mal, à l’aide de gestes, que nous avons traversé les glaces, puis, qu’arrivés à la côte bien loin dans le sud, nous avons marché dans la direction du nord. Tous alors témoignent le plus profond étonnement, en poussant les beuglements habituels. La conversation se continue très animée, nous nous comprenons relativement bien. Certes c’eût été pour quelqu’un un spectacle bien amusant d’assister à cette pantomime.
Je n’oserais pas dire que la figure de tous les indigènes qui nous entouraient fût très propre. La plupart avaient un teint jaunâtre ou foncé, mais à cette couleur naturelle s’en ajoutait une autre également sombre provenant de la crasse. Sur la figure, quelques-uns, notamment les enfants, conservent une épaisse couche de saleté qui leur donne l’aspect de nègres ; par places la couche s’était écaillée, et dans les gerçures apparaissait une peau relativement blanche. Aux femmes, surtout aux jeunes filles, coquettes ici comme partout ailleurs, il arrive parfois de se laver. Le célèbre explorateur Holm décerne même un brevet de propreté aux élégantes du pays. Je n’ai point l’intention d’entrer dans une discussion à ce sujet avec mon confrère danois, il me suffit de dire que les Grönlandaises de cette région emploient l’urine pour se laver. Elles trouvent à ce liquide une odeur particulièrement agréable et s’en parfument les cheveux. C’est un moyen de séduction dont les belles se servent pour attirer les amoureux.
Les Eskimos utilisent l’urine pour toutes sortes de choses, et la conservent précieusement dans des vases spéciaux. La propriété qu’a ce liquide de dissoudre les corps gras le rend particulièrement utile pour eux et ils s’en servent pour débarrasser leur figure, leurs mains ou leurs vêtements de la couche de graisse qui les couvre. Ils utilisent encore l’urine pour préparer les peaux.
Une occupation favorite des indigènes est de se livrer à une chasse acharnée dans leur longue chevelure. Dès que le gibier est capturé, il est mangé incontinent. Lorsqu’un insecte a été pris,