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à travers le grönland.

en bambou servaient de mâts ; la toile du plancher de la tente ou deux prélarts, de voiles ; un autre bâton, placé en avant comme un timon de voiture, faisait office de gouvernail. Si l’on construisait un traîneau spécialement pour marcher à l’aide du vent, on obtiendrait sans nul doute de bien meilleurs résultats que nous. Ce mode de locomotion, qui a été pratiqué par nous sur l’inlandsis du Grönland, pour la première fois, n’a pas jusqu’ici suffisamment attiré l’attention. On pourrait peut-être s’en servir avec succès dans l’exploration des terres antarctiques.


raquette norvégienne et mocassin lapon.
Pour une expédition de patineurs comme la nôtre, la construction des skis est une question aussi importante que celle des traîneaux. Dans le chapitre suivant je traiterai ce sujet.

Outre des skis, nous emportions des raquettes canadiennes et norvégiennes. Les premières sont formées de nerfs d’animaux, d’élan principalement, tendus sur un châssis en frêne. Elles mesurent 1,06 m. de long sur 59 centimètres de large. Les secondes sont faites d’un cercle en bois sur lequel sont entre-croisées des lanières en saule. Celles que nous avons employées mesuraient une largeur de 26 centimètres et une longueur de 39 centimètres.

Dans quelques parties de la Norvège, ces raquettes sont d’un emploi fréquent, surtout au printemps, lorsque la neige ne porte pas. Par un pareil temps, les paysans les suspendent souvent aux fers de leurs chevaux. Les tryger[1] pour les animaux ont la même forme que ceux dont se servent les hommes, ils sont seulement plus grands, et, comme cela se conçoit aisément, ont un système d’attache différent. Nos petits chevaux apprennent très vite à marcher

  1. Nom norvégien des raquettes. (Note du traducteur.)