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UN BAL À L’HUILE

Les haches s’aiguisent et jettent des brins d’éclair dans les regards des bûcherons.

Je retrouve toutes les vieilles figures du printemps. Agapit Desrosiers, son cousin Dionne, Dulac, Boisvert, le jeune L’Épicier, Boischer, C… de… C…, Flamand le jeteur d’ancre, Caraquette, etc., etc.

Ce dernier est reçu comme un doge. Une réunion monstre, quasi électorale, emplit son logement, comme un candidat emplit ses mandataires. Le surintendant entre.

— Trois hourras pour le grand « boss ! »

À peine a-t-il ouvert la porte, qu’un tonneau dissimulé dans le pignon lui vide son contenu sur la tête. Quarante gallons d’eau glacée le saluent et mêlent leurs glouglous cinglants aux rires des employés. Ce baptême d’automne d’un surintendant est de tradition sacrée, au lac Clair. Le forgeron, toujours aidé de l’inséparable Laurence, avait travaillé pendant deux soirs afin d’installer le baril, quand Deslauriers annonça par téléphone son départ de Saint-Michel. Une corde adroitement tirée par la porte elle-même fit le reste.

Demain partent deux équipes. Paul Charette, de Joliette, un bon nouveau, qui ne cesse de faire allonger ses moustaches en les tirant et des lèvres et des doigts, construira un chan-