Page:Narrache - Jean Narrache chez le diable.djvu/31

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— « Ce serait tout naturel et bien dans la note. Même vos gouvernants d’Ottawa souhaitent ardemment que vous ne périssiez pas tous, à la suite d’une explosion atomique. »

— « C’est pour cela que M. Diefenbaker voudrait que chacun de nous ait son abri anti-bombe ou anti-retombées. »

— « C’est évident, mon vieux. Représente-toi vos gouvernants sortant de leurs confortables abris et constatant qu’il ne reste plus personne pour écouter leurs beaux discours… »

— « Et surtout personne pour payer des taxes. Vois-tu, ce serait la mort à brève échéance de nos gouvernants, puisqu’ils n’ont pas d’autre raison d’existence que celle de discourir et de taxer à tour de bras. »

— « Eh oui, mon vieux, il ne resterait plus personne à taxer à mort pour payer vos postes de lancement de missiles, vos munitions et vos autres machines à tuer. »

— « Toutes choses inutiles, tu l’admettras », fis-je.

— « Inutiles ? Non ! À bien y penser, il nous faut admettre qu’elles sont, au contraire, fort utiles. »

— « Je suis bien obligé de te donner raison. Tu me fais songer que toutes ces machines représentent de bien juteux contrats pour une légion ahurissante de profiteurs qui contribuent ensuite, fort généreusement, à la caisse électorale. »

— « C’est vrai, j’oubliais. Même chez un peuple aussi exemplaire par son sens religieux que le vôtre, les élections ne se font pas avec des prières », fit le diable.