Page:Narrache - Jean Narrache chez le diable.djvu/32

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

— « D’ailleurs, tu sais que le Canada et tous les autres pays du monde ne pourraient trouver du travail aux chômeurs, s’ils n’occupaient un groupe de ces chômeurs à jouer aux soldats et le reste à fabriquer des engins de guerre. Toutes les palabres sur le désarmement ne servent qu’à jeter de la poudre aux yeux des gogos. »

— « C’est entendu », fit le diable. « Pas un pays ne songe sincèrement à désarmer. Ajoutons que les délégués eux-mêmes qu’on envoie à ces conférences sur le désarmement ne sont rien de plus que des chômeurs que le gouvernement a réussi à caser. »

— « Tu sais bien qu’au fond, le but primordial de tous les organismes nouveaux, que ce soit l’O.N.U., l’Alliance atlantique, l’Assurance-maladie, etc, etc, dont nos gouvernants font grand état, c’est toujours de trouver un moyen d’offrir une situation aux innombrables quémandeurs, et de fournir des contrats aux amis. C’est le Bien-être social. »

— « Aie, aie ! Heureusement que personne ne t’entend ! Tu n’y vas pas avec le dos de la cuillère ! » dit le diable en riant.

— « Je préfère laisser la cuillère à ceux qui savent si expertement la lécher. »

— « Je te désapprouve absolument, mon vieux. »

— « Ah ? Et pourquoi ? »

— « Parce que tu serais gros, riche et craquant d’orgueil et de santé, si tu avais su comme d’autres, marcher à quatre pattes, flatter les gens en place, t’aplatir, changer d’allégeance politique au bon moment… et lécher des cuillères ! Mais non,