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Page:Narrache - Jean Narrache chez le diable.djvu/40

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— « Après tout, fis-je, en riant, vous auriez dû accepter. Pensez donc, une machine à laver et un réfrigérateur valent bien plus qu’une obole. »

— « Tant que vous voudrez ! rétorqua le bonhomme. Mais, dites-moi ce que je pourrais bien faire de ces appareils-là. Une machine à laver, même électrique, ça ne lave tout de même pas les péchés. Quant à un réfrigérateur, je me demande bien si ce serait efficace en enfer… En tout cas, le ministre a dû traverser à la nage ; je ne l’ai pas revu. »

— « Ça n’a pas dû lui être difficile, fit mon compagnon. Les politicailleurs sont si habiles à nager entre deux eaux… et même en eau trouble. »

— « Possible, reprit le bonhomme. Cependant, ici, il faut remonter le courant, et ces gens-là sont plutôt des suiveux. Demandez cela à votre ami, le Canadien français. »

Je ne crus pas qu’il y eut lieu de le contredire et le bonhomme reprit :

— « De toute façon, il me faut mon obole ou nous ne partons pas. « Pas d’argent, pas de suisse » ; vous connaissez le proverbe usé à la corde ? »

— « Pas d’argent, pas de cuisses », disait Henri Lavedan, en assurant que c’était là la devise d’une jolie dame de petite vertu. »

Je lui fis cette remarque pour tâcher de le dérider et lui montrer que j’avais… des lettres. D’ailleurs, n’est-ce pas toujours dans ce but qu’on cite les auteurs ?

— « Votre Lavedan, fit le bonhomme, en riant, je le connais ; vous le retrouverez quelque part ici. En attendant, il me faut mon obole. »

Je devinai que mon compagnon n’avait pas