Page:Narrache - Jean Narrache chez le diable.djvu/51

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sûrement le loisir pendant ton séjour ici. Autre chose qui va t’intéresser, c’est une particularité de mon appareil de TV. Chez toi, vous avez la TV qui vous montre des scènes d’événements qui se déroulent à l’instant même ou qui se sont déroulés récemment. »

— « Et surtout les films les plus racornis de France-Film et les plus absurdes Westerns américains ».

— Veux-tu te taire, bavard, et me laisser parler ! En pressant ce bouton, tu verras « se dérouler » (comme on dit toujours si élégamment à Radio-Canada) des événements qui n’auront lieu que plus tard, dans l’au-delà. Il te suffit de penser à une personne pour voir apparaître une scène qui se rattache à sa vie, dès que tu mets l’appareil en marche ».

Je ne pus y tenir plus longtemps. Je courus à l’appareil, en pensant à Valdombre et je pressai le bouton. Ce fut merveilleux ! Aussitôt, sans avoir à subir d’interminables et indigestes « commerciaux », une scène m’apparut en lumineuses couleurs. Devant moi s’étendait, à perte de vue, une immense mer de mélasse, dans laquelle essayait de surnager Valdombre agrippé à un radeau de galettes de sarrazin, tandis que Séraphin, les mains pleines de rouleaux de fil et Donalda, un petit demiard vide à la main, se portaient à son secours… Puis, la scène se termina sans le moindre commercial. Je voulus tenter une autre expérience. J’avais à peine évoqué le nom de Rumilly que l’écran se ranima. La scène me parut d’abord assez embrouillée. Je finis par distinguer, au fond d’un gouffre, un petit homme à grosses lunettes à monture noire coupant du papier à