Page:Narrache - Jean Narrache chez le diable.djvu/56

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— « J’ai entendu parler de ces gens-là. Ils crachent dans l’alcool. »

— « Demande-toi si quelques-uns crachent dans l’alcool par mépris ou pour le diluer avant de le boire. »

— « Quelqu’un m’a raconté qu’un jour, deux grands champions de la tempérance avaient reçu d’un loustic, un superbe « quatre épaules » de gin De Kuyper. »

— « C’était, sans doute, une façon adroite de leur donner « un coup de cœur ». Et qu’ont-ils fait ? »

— « L’un d’eux leva les yeux au ciel en s’écriant : « C’est une insulte ! » « Buvons l’insulte, ô mon frère ! » répondit l’autre, en débouchant le flacon. »

— « Voilà un homme qui n’avait pas de rancune et qui savait être pratique ! »

— « Sais-tu bien, mon vieux, que tu sembles encourager l’alcoolisme ? » fit le diable.

— « Moi ? Pas du tout ! Il y a assez des annonces de journaux et des programmes de radio pour le faire. Mais songe qu’en achetant des « spiritueux », je contribue à l’œuvre de nos gouvernants, pourvu, bien entendu, que j’achète aux magasins de la Régie. Le crime, vois-tu, serait d’encourager les contrebandiers. »

— « Pourtant, que tu t’en procures à la Régie ou ailleurs, c’est toujours de l’eau-de-vie, du rhum, du whiskey. »

— « Entendu. Mais les alcools de contrebande ne sont pas grevés de lourds droits d’accise et autres taxes. Vois-tu, quand je bois de l’alcool de la Régie, j’aide à subventionner des écoles, des hôpi-