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Page:Narrache - Jean Narrache chez le diable.djvu/57

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taux, des universités et toute une kyrielle d’autres admirables patati et patata. »

— « Autrement dit, c’est par patriotisme que tu risques de t’« octroyer », un jour ou l’autre, une belle cirrhose du foie ou de tomber dans le delirium tremens. Vous êtes bien tous les mêmes, vertueux buveurs du Québec ! Vous vous faites une « conscience ». Sans compter que vous enrichissez une bande assez bigarrée de fabricants de ton pays et d’ailleurs. »

— « Hélas ! je voudrais bien te contredire et je ne vois pas comment. »

— « Alors, la devise de votre province devrait être : « Je me soûle bien. »

— « C’est dur à avaler ce que tu dis là ! Pourtant, il faut bien l’admettre, notre province flotte dans l’alcool. »

— « En ce cas, soyez logiques. Adoptez, comme devise, celle du navire de la ville de Paris : « Fluctuat nec mergitur. »

— « Ou encore, empruntons la devise de la bibliothèque Saint-Sulpice : « Je puise mais n’épuise, » puisque dans notre province, on trouve toujours à boire. »

— « Ton discours me donne la soif, et tandis que nous palabrons comme des députés, la glace achève de fondre dans nos verres. Buvons donc à ta santé et au succès de ton voyage. »

— « À votre santé mes gentils amis » ! fit le bonhomme Charron qui, depuis longtemps, regardait son verre « avec un œil d’envie », comme dit un de nos chants patriotiques.

— « À la bonne vôtre, mes chers compagnons et grand bien vous fasse ! » dis-je à titre de conclusion.