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Page:Narrache - Jean Narrache chez le diable.djvu/59

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hommes publics sur votre peuple. Je te cite, par exemple, Gouin, Taschereau, et surtout Duplessis, parmi vos premiers ministres ; Martin, Houde et Fournier, parmi vos maires de Montréal, et parmi les nouveaux venus, Chaput, Johnson et Caouette. »

— « Ça, mon cher, c’est une vraie colle d’examen, comme on dit en argot d’étudiant. Pourtant, je crois que je peux te répondre. Je me souviens d’avoir lu, il y a quelques dizaines d’années, « Les morts qui parlent » de Melchior de Vogué. »

— « Hum, hum ! Tu frayais avec l’Académie française dans ce temps-là ! Mais, attention ! De Vogué n’a certainement pas connu vos hommes publics. »

— « Laisse-moi donc parler ! De Vogué disait, sans que je puisse le citer textuellement, que pour se servir du peuple, il faut commencer par suivre cette indication lue sur certains flacons de médicaments : « Agiter fortement, avant de s’en servir. » Je crois que tout le secret est là. »

— « Agiter fortement, avant de s’en servir » ! Pardi, ton homme a trouvé là la plus merveilleuse des formules, et je me rends compte que vos hommes publics l’ont employée et se préparent à l’employer encore. Mais, à bien penser, tu n’as pas répondu à toute ma question. Reste à savoir comment s’y prendre pour continuer à faire suivre et à gouverner le peuple, après l’agitation et les élections. Vois-tu, vos hommes publics ont rempli bien peu de leurs mirobolantes promesses et ont, en somme, fait fort peu pour le bien de vos gens. Comment oseront-ils tenter de se faire élire en dépit de cela ? »

— « Cœur insatiable, ne m’en demande pas