Page:Nau - Force ennemie.djvu/259

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serie ! On se demande ce qu’il est venu faire ici ! Il est déplacé partout.

Je ne puis pourtant pas leur dire que mon coryza redeviendra bénin dès que je ne verrai plus ma belle-sœur !

Le déjeuner me semble bien long malgré la bonne humeur de Julien. Il me raconte sa dernière tournée dans le Sud de l’Inde, entre Trivanderam et le cap Comorin, ses discussions avec un idiot thasildar de village qui refusait de lui louer des éléphants en lui répétant que les Européens inculquaient à ces grosses masses intelligentes des idées par trop subversives… Il est encore ébloui en pensant à la splendeur verte des forêts de là-bas, aux brefs couchants de rubis et de topaze, aux fuyants crépuscules de grenat et d’améthyste, aux belles et calmes nuits de sombre saphir. — Il avait dû laisser sa femme à Mahé où elle s’ennuyait mais où elle retrouvait de vagues empreintes de la vie française. On aurait cru qu’elle ne voyageait que pour cela ; — pour découvrir, dans les contrées les plus fantastiques, des intérieurs d’habitations et des mœurs rappelant lointainement les us et coutumes de la plaine de Colombes ou des plateaux et vallées de Seine-et-Oise. — Adrienne le laisse dire, puis, quand il a fini, expose très froidement son esthétique :

— D’abord, je dois dire que j’en ai fini avec les voyages. Depuis dix ans du reste, depuis sa première expédition, je n’accompagnais plus mon