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Page:Necker - Derniers conseils de M. Necker au Roi - 1789.djvu/5

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par l’opinion ; on a formé l’opinion contre vous, & tant que vous conſulterez l’opinion, l’opinion vous perdra. Il faut la braver une fois, & rappeler M. de Calonne.

Le Roi.Mais vous me parlez de ſes talens, & cependant vous ſavez comment on réduiſit en poudre tous ſes beaux mémoires, tous ſes beaux projets.

M. Necker.Ce ne fut pas la raiſon qui les combattit ; ce fut par envie qu’on les diſſéqua. L’Archevêque de Sens avoit envie de le culbuter, & moi j’étois jaloux de ſa gloire. Il fit une grande faute d’attaquer la mienne ; je me ſerois tu ſans cela. Mais au moins jamais je n’écrivis contre ſes projets, je les trouvois noblement, grandement conçus. Heureux s’il eût pu me laiſſer toute la réputation que je m’étois acquiſe par le compte de 1781 ! Mais il toucha ma ſtatue d’argile par la baſe, & mon amour-propre s’irrita.

Le Roi.Voudra-t-il revenir ?

M. Necker.Je ſais ce qu’il en coûte aux Miniſtres qui reviennent ; mais ce que je ne devois pas faire, il le peut, il le doit, lui. Ma réputation étoit faite, je n’avois pas be-