Aller au contenu

Page:Necker - Derniers conseils de M. Necker au Roi - 1789.djvu/6

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
[ 6 ]

ſoin de revenir ; la ſienne ne l’eſt pas, il reviendra avec l’eſpérance même de s’acquérir une gloire d’autant plus grande, que les circonstances ſont plus difficiles,

Le Roi.La Reine ne l’aimoit pas.

M. Necker.Eh bien, il ſeroit digne de la Reine de ſe vaincre en cela, & de ſe joindre à moi pour vous porter à le rappeler ; ce ſeroit peut-être un moyen qu’auroit la Reine, en ſacrifiant ſes répugnances, de revenir plus promptement en faveur parmi le peuple.

Le Roi.Il étoit l’ami du Comte d’Artois, & le peuple n’aimant pas mon frère, verra avec peine ſon ami revenir au miniſtere,

M. Necker.Cette amitié fait honneur à l’un & à l’autre. Cela prouve que M. le Comte d’Artois ſe connoît en gens de mérite. Quant à la haine du peuple contre eux, elle ne durera pas. Chez les François, il ne faut que paroître malheureux pour inſpirer le plus grand intérêt ; le peuple un jour ouvrira les yeux ; ceux qui l’égarent aujourd’hui ſeront les premières victimes de ce même peuple déſabuſé : vous voyez que j’en ſuis déjà un grand exemple, Que ſera-ce lorſque le ſentiment naturel