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Page:Necker - Derniers conseils de M. Necker au Roi - 1789.djvu/7

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aux François pour la famille de leur Roi reprendra ſon cours ? Croyez-vous que déjà l’on ne ſente pas bien toute la différence d’un Prince qui ſait ſupporter ſes revers, & d’un Prince qui n’a pas le courage de ſoutenir même ſes ſuccès ? d’un Prince qui attend patiemment ſa fortune de l’amour des François, & d’un Prince qui vient intriguer, cabaler, ſe rendre populaire, ſe traîner dans la boue, diſſiper inutilement ſa fortune pour des projets qui, s’ils ſont vrais, ſont autant inſenſés qu’ils ſont atroces. Il ſeroit plus glorieux pour moi de voir promener mon buſte à côté de celui de l’un qu’à côté de celui de l’autre. Quand l’argent manquera à l’un, tout ſera dit pour lui ; l’autre n’aura beſoin pour intéreſſer que de ſa miſere. Mais revenons à M. de Calonne ; je le rappellerois, n’y eût-il que la ſeule conſidération de reconnoître par-là ſi véritablement la haîne du peuple eſt auſſi grande qu’on le dit contre les Princes de Turin.

Le Roi.Sa lettre du mois de février 1789 prouve trop qu’il eſt Ariſtocrate.

M. Necker.Eh ! Sire, qui n’eſt pas Ariſtocrate ! Vous, moi, vos Miniſtres, vos Parlemens, votre Clergé, votre Nobleſſe, Gens